Qu’est ce que le tétanos ? Comment se présente cette maladie ? Quelles sont ses principales causes ? Comment la soigner ? Cet article dévoile tout ce qu’il faut savoir sur cette toxi-infection. Attention, son contenu ne pourra pas remplacer les conseils d’un professionnel de santé.
Sommaire
Présentation du tétanos
Le tétanos est une toxi-infection due à Clostridium tetani, une bactérie très résistante, retrouvée surtout dans le sol et dans les matières fécales des animaux. Celle-ci parvient à pénétrer dans l’organisme humain à partir d’une ouverture même moindre sur la peau ou sur les muqueuses. Une fois sur la plaie, elle secrète une toxine qui va progresser via la circulation pour atteindre le système nerveux central. L’intoxication de celui-ci conduit à de graves paralysies musculaires, souvent mortelle en l’absence d’une prise en charge en soin intensif.
Malgré la découverte de la vaccination depuis déjà plusieurs décennies, cette infection existe encore. Elle est estimée comme étant la cause d’environ 50.000 décès par année à l’échelle mondiale tout âge confondu. Ce sont, cependant, les pays en développement qui regroupent le plus grand nombre de cas, dont surtout les pays des régions équatoriales d’Afrique et d’Asie. Le non accès à la vaccination pour diverses raisons économiques, culturelles, ou sociales constitue, en outre, la cause majeure de la prévalence de cette maladie dans ces pays du monde.
Causes du tétanos
Présent dans le sol, le Clostridium tetani est une bactérie anaérobie très résistante surtout dans sa forme sporulée. Il parvient, en effet, à survivre même en présence d’une forte chaleur ou au contact de divers désinfectants. Son passage, par ailleurs, dans le tube digestif d’un animal ne le détruit pas. Ce qui explique pourquoi il peut également être retrouvé dans les selles des animaux brouteurs.
Même une petite lésion cutanée infectée par une quantité très faible de terre souillée par cet agent pathogène est connue comme pouvant conduire à l’infection. Ce qui distingue, cependant, cette bactérie, c’est sa propriété non invasive. Elle reste au niveau des plaies mais ce sont surtout les toxines qu’elle secrète qui sont extrêmement nocives pour l’organisme.
Un bon nombre de facteurs peuvent être à l’origine d’une infection par cette bactérie. Parmi ceux-ci, il y a entre autres :
– Désinfection absente ou inadéquate d’une lésion de la peau ou des muqueuses, qu’il s’agisse d’une blessure, d’une coupure, d’une griffure ou même d’une simple piqûre ;
– Infection d’une plaie par de la terre. Ce qui peut être très fréquente chez les agriculteurs ou les éleveurs ;
– Présence d’un corps étranger dans une blessure ;
– Utilisation d’instruments mal ou non stérilisés lors des interventions médicales. Il en est le cas lors des circoncisions, des sections du cordon ombilical chez les nouveau-nés, des opérations chirurgicales ;
– Accouchement ou interruption d’une grossesse dans des conditions sanitaires peu hygiéniques ;
– Usage d’outil souillé ou mal stérilisé lors des tatouages ou des piercings ;
– Seringue ou aiguille contaminé chez les usagers de stupéfiants injectables ;
– Séjour dans des pays chauds et humides. Le Clostridium tetani est en effet plus fréquent dans des régions chaudes que froides et tempérées ;
– Manque d’hygiène en général, très fréquente dans les zones rurales de certains pays en développement ;
– Vaccination absente ou incomplète.
Manifestations du tétanos
Ses formes
La toxi-infection au C. tetani peut prendre 4 formes :
– La forme dite généralisée est la plus dangereuse ;
– Celle dite localisée lorsque l’infection ne s’étend pas dans tout l’organisme ;
– Le tétanos néonatal, estimé comme étant encore la cause du décès de plus de 34.000 nouveaux-nés ;
– La forme maternelle qui concerne les femmes lors d’un accouchement ou dans les 2 mois qui suivent celui-ci.
Ses signes
Elle peut, par ailleurs, être reconnue par certains symptômes :
– Contractions des muscles masticateurs au début entrainant des crampes aux mâchoires voire une ouverture impossible de la bouche ;
– Difficulté à la déglutition lorsque la paralysie s’étend vers le pharynx. Ce signe survient notamment chez les personnes âgées ;
– Spasme musculaire au niveau du visage conduisant à des expressions inhabituelles ;
– Contracture des muscles dorsaux conduisant à une extension importante de la nuque et du dos ;
– Spasmes généralisés typiques des crises convulsives. Ceux-ci sont très douloureux et apparaissent brusquement. Ils sont déclenchés par divers stimuli au départ tels que les bruits, la lumière, l’attouchement. Et dans les cas avancés, ils surviennent spontanément ;
– Fièvre accompagnée d’une importante sudation et des céphalées ;
– Tachycardie ou accélération de la fréquence cardiaque ;
– Fracture, luxation, rétention urinaire (due à l’atteinte des sphincters) peuvent compliquer la manifestation de la maladie ;
– Atteinte des muscles respiratoires conduisant à des troubles, voire à un arrêt de la respiration qui peut être mortel ;
– Spasmes limités au niveau des muscles environnant la plaie lors de la forme localisée. Une complication vers la forme généralisée est rare mais reste toutefois possible.
Chez le nouveau-né, la toxi-infection peut être reconnue par une perte de la capacité à téter et des pleures excessives survenant entre le 3 ème et 21 ème jour qui suivent la naissance. Contractures et spasmes s’ensuivent et tendent à se généraliser sur tout le corps.
Dans tous les cas, la période d’incubation de la bactérie peut aller de 3 jours à 3 semaines. En majorité, elle dure 14 jours.
Traitements du tétanos
Certains traitements sont souvent préconisés pour prévenir une infection au C. tetani :
– La vaccination :
Le vaccin antitétanique est considéré comme étant la meilleure façon de prévenir toute contamination au C. tetani. Son efficacité à conduire à la production des anticorps nécessaires contre telle infection est, en effet, estimée à presque 100% tandis que celle à réduire le risque de survenue de la maladie est de plus de 80% (1). Il s’effectue en 6 doses en général dont les 3 premières sont à finir avant le 12 ème mois de l’enfant. Dans certains pays, toutefois, un rappel tous les 20 ans est prescrit à partir de 25 ans, puis tous les 10 ans après la soixantaine.
– Le nettoyage des plaies :
Qu’il s’agisse de lésion de petite ou de grande taille, une prise en charge minutieuse doit toujours être pratiquée pour éviter tout risque d’infection. Celle-ci doit inclure un lavage et une désinfection ainsi que le retrait de tout corps étranger et des tissus morts qui peuvent s’y loger. En cas de vaccinations non à jour, un vaccin peut être effectué accompagné d’une injection d’immunoglobulines antitétaniques. Ces dernières vont assurer la protection du sujet dans l’immédiat jusqu’à ce que l’immunité induite par la vaccination soit établie (2).
– La stérilisation des instruments chirurgicaux :
Doit être effectuée de façon systématique la stérilisation minutieuse des outils servant dans la chirurgie ou autre opération pouvant conduire à une lésion sur la peau. Il s’agit de la meilleure façon d’éviter une infection chez les nouveaux nés.
– La vitamine C :
Une étude avance les bienfaits de l’acide ascorbique à titre de traitement adjuvant en cas d’infection au C. tetani (3). Ceci s’explique en partie par l’effet immunostimulant de la vitamine C. Une autre étude met, cependant, en évidence la nécessité de confirmer encore sa réelle efficacité avant de l’utiliser sur des cas humains (4).
– Le magnésium :
Selon en outre certaines études, le magnésium peut aider à prévenir la survenue des spasmes et des crises convulsives (5). Cette action est due notamment pour la capacité de ce minéral à favoriser la transmission de l’influx nerveux et la contraction des différents muscles de l’organisme. Il faut toutefois vérifier cette propriété dans d’autres essais cliniques avant de la valider. Pour son usage, un supplément de 300 à 1000 mg chez l’adulte peut être prescrit.
Seul un médecin peut prescrire un traitement contre cette toxi-infection. Pour éviter toute complication, il est préférable de demander un avis médical.
Références
(1) OMS. Dossier: «Vaccin Antitétanique», Relevé Épidémiologique Hebdomadaire, N.20, 19 mai 2006.
(2) Dossier: «Avis relatif aux rappels de vaccination antitétanique dans le Cadre de prise en charge des plaies». Haut Conseil de la Santé Publique. Mai 2013.
(3) Jahan K. et al. «Effet de l’acide ascorbique dans le traitement du tétanos», Bangladesh Med Res Counc Bull, 1984.
(4) Hemilä H. et al., «Vitamine C pour prévenir et traiter le tétanos», base de données Cochrane, Rev. 2008.
(5) Akhtar MI. et al. «Le magnésium, une drogue d’usage divers.» J Pak Med Assoc. 2011.