Que sont les télomères ? Quels sont leurs rôles dans l’organisme ? Quels rôles jouent-ils dans le maintien d’une bonne santé et dans le prolongement de la durée de vie d’une cellule ? Cet article apporte plus d’informations au sujet des télomères et l’importance de les avoir intacts après chaque division cellulaire d’après la science. Attention, il ne s’agit pas d’un avis médical, mais d’un simple billet informatif.
Quand on parle de complément antiâge, les télomères sont un sujet souvent évoqué. Ces dernières années, nombreuses sont les publications scientifiques qui ont souligné l’importance de les garder intacts pour vivre longtemps et en bonne santé. Un télomère court est, en fait, lié à un risque plus élevé de contracter des maladies dégénératives, de développer des cancers et de vieillir plus vite. Un style de vie malsain peut, pourtant, l’influer négativement. Mais de quoi il s’agit exactement ? Ce dossier apporte plus d’informations à ce sujet.
Sommaire
Présentation d’un télomère : Définition et rôles
Les télomères se définissent comme étant la région répétitive de l’ADN, se trouvant au bout des chromosomes. Cette séquence se compose de nombreux nucléotides (éléments de base d’un acide nucléïque comme l’ADN et l’ARN), dont chez l’Homme (TTAGGG)n (T : Thymine, A : Adénine et G : Guanine). Ces extrémités de l’ADN sont chargés de la conservation du matériel génétique, ainsi que de la protection des terminaisons chromosomiques.
Ces télomères se raccourcissent, cependant, à chaque cycle de duplication cellulaire en raison de l’incapacité de l’ADN polymérase à reproduire complètement les bouts des chromosomes linéaires lors de ces divisions, dites mitoses. Ce qui entraîne une perte importante des informations génétiques.
Lorsque ces télomères atteignent une certaine longueur, ils ne sont plus capables d’assurer leur rôle de protection correctement. La cellule en question interprète cette situation comme une détérioration de son ADN. Son processus de multiplication est donc interrompu, et elle entre en sénescence, puis meurt. C’est l’apoptose, ou mort cellulaire programmée. (1)
Raccourcissement du télomère et ses effets
Le raccourcissement progressif du télomère et sa dégradation à chaque division cellulaire sont normalement inhibés par la télomérase. Ce dernier est une enzyme, dont le rôle consiste à conserver la longueur du chromosome en ajoutant à son extrémité une structure spécifique, ou rallonge le télomère dans des termes plus clairs. Pour différentes raisons, l’activité de la télomérase peut s’affaiblir ; ce qui favorise la perte des télomères. Voici les effets de l’écourtement d’un télomère :
Une espérance de vie plus courte ?
Nombreux sont les scientifiques qui ont démontré que le raccourcissement des télomères diminue l’espérance de vie. Cette publication, par exemple, a présenté une expérience menée sur des individus souffrant d’une maladie génétique rare, la dyskératose congénitale, qui favorise le raccourcissement du télomère en raison de la faible activité de leurs télomérases. Rappelons que ce trouble congénital, appelé aussi syndrome de Zinsser-Engman-Cole, se traduit par un vieillissement prématuré de la peau et des phanères, avec une atteinte de la moelle osseuse et du système immunitaire. Les auteurs de l’étude ont remarqué que les sujets ayant des télomères très courts présentaient une espérance de vie relativement faibles (taux de mortalité par maladie cardiaque 3,11 fois plus élevé) et des risques très élevés de contracter des maladies infectieuses (taux de mortalité par maladie infectieuse 8,54 fois plus élevé). (2)
Un risque élevé de développer des cancers ?
L’instabilité génétique associée aux dysfonctionnement et raccourcissement du télomère encourage le développement des cancers, selon des chercheurs. Dans ces quatre études, entre autres, les scientifiques ont étudié la relation entre la longueur des télomères et les différentes formes de cancer. Les quatre expériences ont été menées sur des groupes de patients souffrant de divers types de cancer, dont 92 de cancer du cou et de la tête, 135 de cancer de la vessie, 54 de cancer du poumon et 32 de carcinome de cellules rénales.
La longueur de leurs télomères, l’instabilité génétique et l’importance des dommages de l’ADN ont été évalués au test des comètes (comet assay en anglais). D’autres examens ont été aussi effectués pour déterminer l’importance de leurs maladies. Les résultats des analyses réalisés chez chaque groupe ont montré que les sujets avec des télomères courts développaient d’importants cancers (3). En effet, lorsque la longueur de ces télomères atteint la limite critique alors que la division cellulaire se poursuit encore, l’activation automatique du mécanisme de réparation de l’ADN dans la cellule entraine une instabilité génomique propice à l’oncogenèse (formation d’un cancer). (4)
A-t-il des effets sur les os ?
Le raccourcissement des télomères au fil des âges a aussi un impact sur les ostéoblastes (cellules responsables de la synthèse de la partie non minérale des os), d’après certaines publications scientifiques. Au cours de cet examen réalisé sur 2 150 femmes, il a été constaté que celles qui avaient des télomères courts ont été plus sujettes au développement d’une ostéoporose. La faible activité de la télomérase et la perte de télomères ont conduit à une baisse progressive de la densité osseuse, au vieillissement des ostéoblastes et à la sécrétion accrue de cytokines pro-inflammatoires qui encouragent la dégradation des tissus. Les auteurs de cette revue ont conclu que la longueur des télomères constitue un marqueur biologique du vieillissement des os. (5)
Un facteur encourageant les maladies cardiovasculaires ?
Une étude menée sur un échantillon de la population chinoise a permis aussi de mettre en évidence la corrélation entre le raccourcissement des télomères et le développement des maladies cardiovasculaires. Le modèle testé comprenait 767 sujets âgés de 30 à 80 ans, dont 379 en bonne santé et 388 hypertendus. Les différentes analyses effectuées ont montré que les sujets hypertendus présentaient des télomères courts et ont plus de risques de développer des maladies coronariennes et cardiaques. Le vieillissement artériel, dû à la perte de télomères et à la sénescence des cellules, s’accompagne d’un remodelage de la structure des artères (rigidité, altération, désorganisation des fibres élastiques, etc.). Les observateurs ont conclu que la longueur moyenne des télomères est un biomarqueur, permettant de détecter les maladies cardiovasculaires. (6)
Est-ce un facteur favorisant d’un infarctus du myocarde ?
En se basant sur le fait que le raccourcissement des télomères augmente le risque de développer des maladies cardiovasculaires, des chercheurs ont essayé d’identifier ce que pourraient être les autres effets d’un télomère court sur le cœur. Les observateurs ont utilisé des échantillons d’ADN leucocytaires de sujets adultes fumeurs, dont certains en bonne santé et d’autres ayant subi un infarctus du myocarde ou souffrant de troubles vasculaires. Les analyses effectuées ont prouvé que les personnes dont les télomères sont courts ont présenté un plus grand risque de subir un infarctus du myocarde. Les troubles cardiaques liés au vieillissement dépendent, en réalité, des modifications structurales du tissu myocardique et de la dégradation des artères. (7)
Protections des télomères : Solutions
Différentes solutions sont avancées par les scientifiques, pour protéger les télomères d’une dégradation accélérée due à une mauvaise hygiène de vie ou liée à l’âge :
– Le cycloastragenol ? : C’est la seule molécule connue jusque-là comme étant capable de maintenir longtemps l’intégrité structurale des télomères de l’ADN et d’activer en même temps la télomérase. Les expériences scientifiques qui ont mis en évidence les qualités thérapeutiques de ce principe actif de l’Astragalus membranaceus sont nombreuses, dont voici l’une des plus notables. Cette étude a été menée sur une marque connue de cycloastragenol, le TA-65 des laboratoires TA Sciences. Pendant 12 mois, 117 sujets âgés de 53 à 87 ans infectés de virus cytomégalovirus ont administré une faible dose de TA-65 (250 U) par jour. Cette maladie infectieuse est asymptomatique dans 90 % des cas, mais peut se compliquer chez les sujets dont le système immunitaire est faible. La prise de TA-65 en complément à l’alimentation a permis de maintenir la longueur de leurs télomères. Comparés aux sujets qui ont pris cette molécule, les patients uniquement soumis aux placebos ont présenté des télomères très courts à la fin du traitement (8). D’autres essais cliniques demeurent toutefois nécessaires avant de confirmer cette qualité thérapeutique. Ces quelques études ne suffisent pas pour conclure sur cet effet.
– Les antioxydants ? : Des scientifiques ont avancé les bienfaits d’un régime alimentaire enrichi en antioxydants pour garder les télomères intacts. Dans cette étude réalisée sur une durée de 5 ans, les participants qui ont pris chaque jour des aliments gorgés d’oméga-3, de vitamines E et C, ainsi que de bêta-carotène, ont présenté des télomères plus longs que le reste du groupe soumis à un régime normal. Les antioxydants protègent, en effet, la cellule et tous ses composants des effets délétères des radicaux libres. (9)
– La restriction alimentaire ? : Les restrictions alimentaires, le jeun ou tout simplement le fait de manger moins que d’habitude régulièrement ont aussi un impact positif sur la longévité et la longueur des télomères. Chez des souris de laboratoires, un régime très pauvre en protéines a conduit à une augmentation de leur durée de vie, jusqu’à plus de 66 %. Les rongeurs testés faisaient plus jeunes que leurs âges, et leurs télomères étaient intacts. Les scientifiques ont conclu que l’altération de l’ADN et la charge oxydative sont moins importantes chez les sujets soumis à des restrictions alimentaires (10). Comme la plupart des essais cliniques ont été menés sur des modèles animaux, des recherches supplémentaires sur l’homme sont indispensables avant de pouvoir confirmer cet effet.
– Les exercices physiques ? : Il faut également faire des activités physiques régulièrement pour maintenir la longueur de ses télomères. Les exercices permettent, en effet, de brûler les graisses nocives aux cellules et éliminer les toxines de l’organisme. Cette revue scientifique a parlé de l’effet du sport sur le stress oxydatif et la dégradation de l’ADN. D’après les observateurs, l’activité de la télomérase et la longueur des télomères des athlètes sont plus importantes que celles des individus ne pratiquant aucun exercice physique. Le sport réduit non seulement le stress oxydatif, mais augmente en même temps l’expression de certaines protéines chargées de préserver la structure des télomères (11). Il faut plus d’études cliniques toutefois avant de confirmer cette propriété.
Attention, l’état actuel des recherches ne permet pas de conclure sur la véritable efficacité de ces différentes solutions. Pour vivre longtemps et en bonne santé, l’adoption d’une bonne hygiène de vie est la meilleure option. Ces informations sont juste un résumé effleuré de différentes études menées sur les télomères. Seul un médecin bien informé peut vous conseiller sur les compléments alimentaires ou modes de vie à adopter pour préserver la structure des télomères .
Références
(1) Collado M et al. « Sénescence cellulaire dans le cancer et le vieillissement ». Cell, 2007; 130 (2): 223-233.
(2) Cawthon RM et al. « Association entre la longueur du télomère dans le sang et la mortalité chez les personnes âgées de 60 ans et plus ». Lancet, 1er février 2003; 361 (9355): 393-5.
(3) Wu X et al. « Dysfonctionnement des télomères: Facteur de prédisposition potentielle au cancer ». J Natl Cancer Inst, 20 août 2003; 95 (16): 1211-8.
(4) Shin JS et al. « Le rôle des télomères et de la télomérase dans la pathologie du cancer chez l’homme et du vieillissement ». Pathologie, 2006 avril; 38 (2): 103-13.
(5) Valdes AM et al. « La longueur des télomères dans les leucocytes est en corrélation avec la densité minérale osseuse et est plus courte chez les femmes atteintes d’ostéoporose ». Ostéoporos Int, 2007 septembre; 18 (9): 1203-10.
(6) Yang Z et al. « Télomères courts et pronostic de l’hypertension dans une population chinoise ». Hypertension, 2009 avril; 53 (4): 639-45.
(7) Zee RYet al. « Association d’une longueur de télomère moyenne plus courte avec un risque d’incident d’infarctus du myocarde: Une approche de contrôle de cas prospective et imbriquée ». Clin Chim Acta, mai 2009, 403 (1-2): 139-41.
(8) Laura S et al. « Un activateur naturel de la télomérase, qui allonge les télomères chez l’homme: étude randomisée, à double insu et contrôlée par placebo ». Recherche de rajeunissement.
(9) Lin J et al. « Facteurs liés au mode de vie des télomères: Les rôles dans le vieillissement cellulaire ». Mutat Res. 2012; 730 (1-2): 85-9.
(10) Epel ES et al. « Raccourcissement accéléré des télomères en réponse au stress de la vie ». Proc Natl Acad Sei USA, 2004; 101 (49): 17312-5.
(11) Von Zglinicki, T et al. « Les télomères comme biomarqueurs du vieillissement et des maladies liées au vieillissement ». Curr Mol Med, 2005; 5 (2): 197-203.