Figurant parmi les contaminants les plus répandus et dangereux que nous fréquentons au quotidien, le Plomb peut causer d’importants dégâts une fois ingéré par l’organisme. Quels sont les effets de ce métal sur notre santé ? Quels sont les principaux vecteurs de son intoxication ? Comment se manifeste un empoisonnement au plomb ? Cet article parle des effets néfastes de ce métal sur l’organisme selon la science. Les informations présentées ici ne remplacent en rien les avis des spécialistes en la matière.
Sommaire
Le plomb fait partie des métaux les plus toxiques aussi bien pour l’Homme, que pour les animaux. C’est aussi l’un des trois contaminants les plus mortels et répandus de notre environnement au même titre que le cadmium et le mercure. Même à une dose très réduite, cet élément chimique – sans valeur connue d’oligoélément – cause des maladies et une intoxication dangereuse regroupées sous le terme de « saturnisme ». Ce mot dérive du nom de la planète saturne, qui d’après les alchimistes du moyen âge aurait une relation avec ce métal considéré comme le plus vieux et le plus froid (1).
Présentation du plomb
Recherches et découvertes
Le plomb natif ou géochimique est présent sous des formes inorganiques – autrement dit combiné à d’autres composés inorganiques et non à l’état pur – dans la nature. Il y a par exemple le nitrate, l’acétate, le sulfate et le chlorure de plomb, éparpillés partout, dans la croûte terrestre, le sol, l’atmosphère et même dans notre chaine alimentaire, où ils sont bioconcentrés.
Historiquement, ce métal n’a pas fait l’objet d’une découverte particulière par un scientifique. Ses premières utilisations remontent bien des milliers d’années avant notre ère, avant même son intervention dans le milieu industriel où il est considéré comme un matériau principal dans la conception de conduites d’eaux potables. Son usage dans ce domaine a été interdit en France depuis les années 90, suite aux nombreux cas d’intoxication remarqués liés à son utilisation.
Pour ce qui est de sa toxicité, celle-ci a été reconnue par les médecins de l’antiquité, lorsqu’ils se sont aperçu que ceux qui recevaient régulièrement de l’acétate de plomb souffraient d’intoxication. Ce composé a été, en effet, utilisé à l’époque pour sucrer et conserver le vin. Ce sont les gros buveurs qui en étaient donc la majorité des victimes.
Propriétés physiques et chimiques
Le plomb naturel est rarement disponible à l’état pur dans son environnement naturel. Ce minéral est extrait d’autres minerais, comme la galène ou PbS qui en est la principale source avec sa teneur s’élevant à 86,6 %, l’anglésite PbSO4 et la cérusite PbCO3.
Ce métal résistant – à la couleur grise bleuâtre– possède une demi-vie géochimique de 7 siècles ; autrement dit il ne peut être dégradé et dispersé qu’après plusieurs siècles. Ce qui en fait un métal très stable. Il s’oxyde très lentement, par ailleurs, en prenant à la surface une couleur blanche. En dépit du fait que le plomb est toxique et écotoxique, il est doté quand même d’une propriété malléable ; ce qui facilite sa manipulation. (2)
Son nom est tiré du terme latin « plubum ». Son numéro atomique est le 82 et son symbole le Pb.
Intoxication au plomb
L’intoxication au plomb présente un risque très élevé du fait que ce métal et ses composés peuvent être ingérés à partir des aliments ou de simples objets couverts ou à base de ce métal, ou inhalés sous forme de poussière ou de vapeur. Le passage de ses particules est aussi possible par voie cutanée.
Une fois dans l’organisme, ce métal toxique atteint rapidement la circulation, puis les différents tissus et organes. Sa demi-vie dans l’organisme oscille en fonction de la durée d’exposition, qui est en théorie de 50 jours pour une exposition s’étalant sur 1 an et 450 jours pour 30 ans.. Son accumulation dans l’os peut être accrue en cas d’ostéoporose.
L’organisme humain est normalement capable de l’excréter naturellement par voies urinaire principalement (>75%) et fécale (20%), sauf en cas de problème grave de reins. Les autorités sanitaires de l’Hexagone ont fixé auparavant un taux maximal à ne pas dépasser, dit DHT ou Dose hebdomadaire tolérable, de 1 500 µg /semaine environ. L’OMS a apporté une révision depuis 2006, en réduisant ce taux à 25 µg /kg de la masse corporelle par semaine. (3)
Études toxicologiques du plomb
Ce métal est-il neurotoxique ?
Une enquête nationale réalisée aux États-Unis entre 1999 et 2004 sur un échantillon de 1987 hommes adultes âgés de 20 à 39 ans a permis de découvrir tous les effets de ce métal lourd sur le système nerveux. Il a été remarqué qu’un taux élevé de plomb dans le sang est lié à un risque élevé de contracter trois troubles psychiatriques majeurs, dont les crises de panique, les troubles anxieux généralisés et la dépression. (4)
Est-ce un agent hypertensif ?
Une étude scientifique mené sur 1 171 anciens combattants régulièrement exposés à ce métal lourd, entre 1991 et 1994, a démontré qu’un taux de plomb anormalement élevé dans les os est lié à une pression artérielle élevée. Les résultats de cette expérience ont montré que ceux ayant un faible taux de concentration de 0,05 à 1,35 µmol/dL avaient une tension normale, alors que ceux avec des taux dépassant ces valeurs étaient hypertendus. Bien évidemment, pour avoir des résultats fiables, les scientifiques ont déjà pris en compte les autres facteurs qui favorisent la montée de la pression artérielle, comme l’indice de masse corporelle (IMC), l’addiction à l’alcool, l’apport alimentaire en sodium, les antécédents familiaux, etc. (5)
S’agit-il d’un perturbateur de la fonction rénale ?
L’intoxication au plomb perturbe la fonction rénale d’après certaines observations scientifiques, dont l’une d’elle est celle-ci. Cette expérience a été menée sur un échantillon de 459 individus choisis au hasard, exposés fréquemment à ce métal. Les résultats ont montré qu’un taux de plomb 10 fois supérieur au normal est lié à une augmentation de 7 µmol/dL de la concentration sérique de créatinine ; soit une augmentation prévue pour 20 années de vieillissement. (6)
Est-il nocif pour le cristallin ?
Une exposition fréquente même à faible dose à ce métal peut conduire à une altération progressive du cristallin et causer des maladies oculaires, comme la cataracte. Cette publication scientifique a, par exemple, parlé d’une observation menée sur 795 individus âgés de 69 ans en moyenne entre 1991 et 1999, ayant été souvent exposés à ce métal. Leurs taux de plomb au niveau du tibia font l’objet d’un contrôle périodique tout au long de l’expérience ainsi que la qualité de leurs vues. Il a été remarqué que 122 hommes avec un niveau de plomb élevé présentaient un gros risque de développer une cataracte. (7)
Facteurs de risque et symptômes de l’intoxication au plomb
Certaines personnes sont plus susceptibles d’être contaminées au plomb ou faire une intoxication, comme les nourrissons, les enfants de bas âges, les femmes enceintes et le fœtus, les sujets âgés, ainsi que ceux qui souffrent d’insuffisance rénale ou d’ostéoporose.
Les plus grands facteurs de risques liés à cette intoxication sont la fréquentation d’une usine spécialisée en traitement de métaux ou de produits électroniques, d’une maison construite avant les années 80 dont les équipements (conduites d’eau, robinet, etc) sont encore soudés au plomb, ou encore d’un lieu où l’on rejette du plomb. La déficience en certains nutriments, tels que le fer, le zinc, le calcium, et la vitamine D augmente l’assimilation de ce métal par l’organisme.
Les symptômes de l’intoxication au plomb dépend de son type :
– En cas d’intoxication sévère ou aiguë, autrement dit le sujet s’est exposé à un taux élevé de ce métal (plombémie >700 µg/l), on remarque des encéphalopathies dues à la détérioration des neurones, un goût métallique dans la bouche, une diarrhée, des convulsions, ainsi que des douleurs abdominales. Et dans des cas très graves, le coma, voire la mort.
– En cas d’intoxication chronique, c’est à dire exposé à un faible taux régulièrement, le sujet présente des signes tels que fatigue, inattention, hyperactivité, irritation, pâleur, mal de tête, perte d’appétit, perte de poids, trouble du langage.
Références
(1) EMC-toxicologie Pathologie 2, 2005, p: 67-88.
(2) Semlali RM et al. (2004) Modeling lead input and output in soils using lead isotopic geochemistry . Environ Sci Technol. ;38(5):1513–21.
(3) Dossier publié par préfecture CIRE Rhône Alpes 36, janvier 2010.
(4) Bouchard MF et al. « Blood lead levels and major depressive disorder, panic disorder and generalized anxiety disorder in US young adults ». Arch Gen Psychiatry.2009 Dec;66(12):1313-9.
(5) Hu H et al. « The relationship of bone and blood lead to hypertension ». Jama 1996 Apr 17;275(15):1171-6.
(6) Kim R et al. « A longitudinal study of low-level lead exposure and impairment of renal function. The normative aging study ». Jama Apr 17 1996 ;275(15):1177-81.
(7) Schaumber DA, et al. « Accumulated lead exposure and risk of age-related cataract in men ». Jama 2004, Dec 8;292(22):2750-4.