Reconnue il y a peu de temps comme médication naturelle, l’huile de chanvre est bénéfique pour le système cardiovasculaire. Quelles sont ses particularités comparées aux autres huiles végétales ? Quels bienfaits médicinaux peut-elle nous offrir ? Comment bien choisir son huile de chanvre en gélules ? Cet article est un résumé des études scientifiques menées sur cette huile végétale. Attention, seul un professionnel de santé peut confirmer ces informations.
Huile de chanvre, précieuse pour la santé cardiovasculaire ?
Ayant bénéficié récemment le titre de médication naturelle dans les pays occidentaux, l’huile de chanvre a su accaparer rapidement le marché de la phytothérapie. On la retrouve un peu partout sur la Toile et auprès des magasins bio. Cette huile végétale, réputée pour ses effets bénéfiques pour le cœur et la peau, est une source importante d’oméga-3 et d’oméga-6. La plante à partir de laquelle on l’extrait est de la même famille que la marijuana. Que faut-il savoir sur cette plante et son huile ? Que disent les scientifiques à propos de ses propriétés médicales ? Les réponses dans ce qui suit.
Sommaire
Présentation de l’huile de chanvre
Extraite d’une plante polyvalente
Originaire d’Asie centrale, le chanvre est une plante herbacée annuelle dioïque appartenant à la lignée des Cannabaceae, tout comme la marijuana. À la différence de cette dernière, sa teneur en THC cannabinoïdes –tétrahydrocannabinol, un élément psychotrope ou stupéfiant– est relativement faible, à moins de 0,3 %. C’est cette variété dite chanvre industriel, chanvre agricole, ou chanvre cultivé qui fait l’objet d’une exploitation agricole en masse depuis des années. Depuis le XXe siècle, certaines réglementations régissent sa culture que ce soit en France ou ailleurs. Dans le cadre d’une lutte contre l’usage illicite de drogues, seules les variétés présentant une faible teneur en THC peuvent bénéficier de ces titres et être exploitées industriellement. Les taux ne doivent pas dépasser les 0,3%. D’ailleurs, les autorités sanitaires contrôlent la proportion en THC.
Dans le domaine médical, le chanvre répond au nom scientifique de « cannabis » ou « cannabis sativa ».
Le chanvre est une plante polyvalente. Ses longues tiges, allant de 4 à 7 m, sont des matières premières permettant de produire des fibres destinées à la fabrication de textiles, de papiers et de matériaux de construction. Ses graines, appelées chènevis, sont une importante source d’huile, qui connait un grand succès dans l’univers du cosmétique grâce à sa qualité hydratante.
Focus sur ses qualités distinctives
L’huile de chanvre est dotée de certaines qualités qui la distinguent des autres huiles végétales.
D’un côté, cette huile végétale présente une teneur équilibrée en oméga-3 et oméga-6 ; ce qui n’est pas le cas pour la plupart des huiles alimentaires que nous consommons au quotidien. Notre habitude alimentaire avec un apport fortement élevé en oméga-6 et une proportion réduite en oméga-3 – soit un rapport allant de 10/1 à 30/1– augmente, en effet, les risques des maladies cardiovasculaires. Les autorités sanitaires comme l’AFSSA suggèrent un rapport plus équilibré de 1/1 à 5/1, pour prévenir ces problèmes de santé (1). L’huile de chanvre a cet avantage de nous offrir une proportion parfaitement équilibrée en oméga-6 et oméga-3, à savoir 2/1 à 3/1. Côté présentation, sa robe est de couleur vert plus ou moins foncé, variable selon les variétés utilisées ; et sa saveur rappelant celle de l’huile de noisette rehausse à merveille le goût des plats.
Cette huile végétale est appréciée pour son action hydratante et sa texture légère non comédogène. Elle pénètre facilement lors de l’application, sans alourdir la peau. Ces deux qualités font d’elle un ingrédient très recherché dans la conception de produits cosmétiques.
Liste de ses composants actifs
Cette huile précieuse renferme nombre de nutriments essentiels pour le bon fonctionnement de l’organisme et le maintien d’une santé de fer. Les informations ci-après renseignent sur les nutriments qu’elle renferme d’après l’une des publications scientifiques l’ayant étudié (2).
Les graines matures écalées, à partir de laquelle on extrait l’huile contient :
– 44 % de lipides ;
– 33 % de protéines, qui selon certaines études scientifiques sont excellentes pour la santé cardiovasculaire. Il s’agit d’une combinaison d’acides aminés soufrés, dont la cystine et la méthionine, ainsi que d’arginine à des teneurs élevées. Les mêmes études ont souligné que ses protéines sont dépourvues d’inhibiteurs de trypsine. Mais qu’est-ce que la trypsine et en quoi est-ce important ? C’est en fait un ferment digestif du suc pancréatique qui hydrolyse les protéines. Sans ces inhibiteurs, cet enzyme peut assurer son rôle normalement en clivant les protéines au moment de la digestion ; ce qui facilite leur assimilation lors de leur passage dans les intestins. (3)
– 12 % de glucides ;
– 7,2 % de fibres ;
– Le tout pour 125 kilocalories.
L’huile obtenue par pressage des chènevis se compose de :
– 60 % d’oméga-6, un groupe d’acides gras polyinsaturés connu pour son rôle bénéfique dans le traitement de l’hypercholestérolémie ;
– 25 % d’oméga-3, des acides gras essentiels polyinsaturés également. Ils jouent un rôle important dans le fonctionnement cérébral, hormonal, inflammatoire et celui du système cardiovasculaire ;
– 9 % d’oméga-9, des acides gras mono-insaturés non essentiels – autrement dit le corps est capable d’en synthétiser à partir d’autres acides gras–, qui ont des effets bénéfiques sur l’hypercholestérolémie, les maladies cardiovasculaires et l’hypertension artérielle.
– 3 à 7 % d’acides gras saturés ;
– 4 % d’acide gamma linolénique (AGL). Un acide gras polyinsaturé de la famille des oméga-6 qui assure la synthèse de l’acide dihimo-γ-linolénique. C’est un important constituant des phospholipides au niveau de la membrane cellulaire.
Les propriétés médicinales de selon la science
Un remède pour protéger le système cardiovasculaire ?
Une de ses qualités souvent mises en avant par les scientifiques est son action protectrice vis-à-vis du système cardiovasculaire. Ceci s’explique par sa teneur non négligeable en oméga-3. En dépit du fait que les essais cliniques réalisés sur des humains sont encore peu nombreux, les tests sur les animaux ont donné des résultats très prometteurs. Les propriétés psychotropes attribuées à tort à cette variété de Cannabis sativa pourraient, en effet, compromettre les résultats des expériences d’après certains chercheurs.
Une revue scientifique publiée en 2010 a rassemblé les différents essais cliniques sur l’utilisation de l’huile chanvre chez des animaux de laboratoire. Pour constater son efficacité, ce produit a été employé comme base de leur alimentation au quotidien. Les chercheurs ont observé les actions de ses principes actifs sur les globules rouges et le système cardiovasculaire. Ils ont émis comme conclusion l’efficacité de cette huile végétale à prévenir l’agrégation plaquettaire et la cardiopathie ischémique. (4) Des études complémentaires sur l’homme restent toutefois nécessaires pour confirmer ces propriétés. Ces quelques observations conduites sur des modèles animaux ne sont pas suffisantes pour émettre une conclusion.
Cette huile possède-t-elle un effet hypocholestérolémiant ?
La présence d’acides gras polyinsaturés dans cette huile végétale a aussi conduit les scientifiques à tester son action sur l’hypercholestérolémie, un des principaux facteurs de risque d’infarctus du myocarde et de l’agrégation plaquettaire.
Dans l’étude suivante, des lapins blancs néozélandais sains et souffrants d’hypercholestérolémie ont reçu ce complément alimentaire. Pour constater son effet, les sujets testés ont été départagés en 6 groupes. Chaque groupe recevant chacun leur propre régime alimentaire. Le premier un régime ordinaire pour servir de témoin, le second un régime ordinaire + 10 % d’huile de chènevis, le troisième un régime ordinaire + 10 % de graines de chanvre partiellement délipidées (perte de lipides), le quatrième un régime ordinaire + 0,5 % de cholestérol, le cinquième un régime ordinaire + 10 % d’huile de chènevis + 0,5 % de cholestérol, et le dernier un régime ordinaire + 5 % d’huile de coco.
L’expérience a duré 8 semaines. A l’issue, le sang des individus testés a été prélevé et analysé, afin de déterminer les niveaux plasmatiques de cholestérol, d’acides gras, de triglycérides, ainsi que l’importance des plaquettes agrégées. Les résultats ont montré une réduction significative des taux de cholestérol totaux et de LDL ainsi qu’un niveau élevé d’acides gras polyinsaturés, chez les sujets soumis à l’huile de chènevis. Seuls les animaux, ayant reçu des doses supplémentaires en cholestérol, présentaient des taux niveaux plasmatiques élevés en cholestérol et triglycérides. L’agrégation de plaquettes n’a été remarquée que chez ceux ayant pris de l’huile de coco.
Les chercheurs ont conclu que l’ajout d’huile de chanvre au régime alimentaire, même enrichie en cholestérol, permet de prévenir l’agrégation des plaquettes et de maintenir le niveau du cholestérol à la normale grâce à l’augmentation du taux d’AGL (acide gamma linolénique) plasmatique (5). Soulignons que la plupart des expériences ont été menées sur des rongeurs. Il nous faut d’autres essais cliniques menés sur l’homme avant de pouvoir confirmer ce bienfait.
Est-ce un antioxydant ?
Certains chercheurs se sont aussi penchés sur l’activité antioxydante des composés polyphénoliques contenus dans l’huile pressée à froid des graines de chanvre cultivé. Dans cette étude, les scientifiques ont choisi spécialement la Finola dioïque, une des variétés de cannabis industriel autorisées dans l’Hexagone.
Plusieurs méthodes ont été adoptées pour constater son activité antioxydante. Pour isoler et évaluer l’importance des molécules antioxydantes de cette huile végétale, les scientifiques ont eu recours à la méthode HPLC (High Pressure Liquid Chromatography) ou chromatographie en phase liquide à haute performance. L’activité antioxydante de ces composés polyphénoliques, une fois séparés, a été ensuite mesurée grâce au test de DPPH (1,1-diphenyl1-2-picrylhydrazyle). C’est quoi le DPPH ? Ce composé agit comme un radical libre stable, qui une fois au contact d’un antioxydant subit une réaction de réduction.
Les résultats de cette expérience ont démontré que l’huile extraite des graines de Finola présente une activité antioxydante élevée avec une valeur ORAC (Oxygen Radical Absorbance Capacity ou Capacité d’absorption des radicaux oxygénés) de 146,76 mmol TE/100 g. Il a été également constaté que les extraits polyphénoliques ont aussi inhibé le blanchiment du β-carotène et ont agi comme des chélateurs de métaux. La capacité de ces antioxydants à chélater les ions ferreux a été de 695,2 mmol TE/100 g. Il a été aussi mis en évidence que cette huile végétale renferme une teneur élevée en composés phénoliques, dont environ 2 780,4 mg de quercétine/100 g de flavonoïdes totaux. (6)
S’agit-il d’un remède contre l’eczéma ?
Son profil lipidique appréciable, avec une teneur équilibrée en acides gras polyinsaturés et une proportion réduite en acides gras saturés, a aussi poussé les scientifiques à la tester chez des sujets souffrant de dermatite atopique, ou eczéma.
Les scientifiques, qui ont mené cette étude, se sont basés sur l’hypothèse suivante, à savoir le soulagement des symptômes de l’eczéma avec un régime pauvre en chlore. L’hyperchlorémie (excès de chlore), qui est souvent liée à une déshydratation, est la principale cause des affections cutanées.
Dans cette étude croisée à double insu d’une durée de 20 semaines, les sujets testés ont reçu au quotidien un régime pauvre en chlore et de l’huile de chènevis en guise de complément alimentaire. Au début et à la fin du traitement, leurs profils d’acides gras ont été mesurés, l’importance des symptômes (démangeaisons, niveau d’hydratation de l’épiderme…) a été aussi évaluée.
Les résultats de cette étude ont indiqué une amélioration des niveaux d’acides gras plasmatiques et de la structure de la peau, grâce à ce régime enrichi en acides gras polyinsaturés et pauvre en chlore. La fréquence d’utilisation de médicaments destinés au traitement de l’eczéma a été réduite chez tous les patients (7). Ces résultats sont particulièrement encourageants, mais ne suffisent pas pour conclure sur l’efficacité de cette huile contre les dermatites. D’autres études cliniques sont essentielles avant de confirmer ces qualités thérapeutiques.
Bien choisir son huile de chanvre en gélules
Le choix de ce complément alimentaire est très délicat. En effet, cette plante fait partie des variétés de cannabis dont la culture répond à différentes réglementations. Il faut donc s’assurer que le chanvre contient une dose de THC inférieure ou égale à 3 %. Les marques fiables n’hésitent pas à renseigner sur leurs emballages les noms des variétés de cannabis autorisées qu’elles utilisent pour leurs produits.
Comme toute huile végétale gorgée d’acides gras, l’huile de chanvre est sujette à l’oxydation en cas d’exposition à la chaleur ou à l’air libre. Au lieu d’offrir tous les bienfaits susmentionnés, il pourrait devenir dangereux pour la santé. D’où l’intérêt d’opter pour des gélules ou capsules, plus faciles à administrer. Vérifier également que l’huile ait été pressée à froid autrement elle perdrait toutes ses qualités distinctives.
On recommande l’huile de chanvre en flacon principalement en application locale, pour traiter les problèmes cutanés. Elle s’utilise aussi en cuisine, mais n’est cependant pas adéquate pour la cuisson et la friture en raison de son point de fumée très bas, 140°C. La chaleur dégrade ses composants, et favorise la formation de molécules dangereuses pour la santé. Pour garder sa qualité, il faut placer cette huile végétale au réfrigérateur. Cette huile se conserve 10 mois, et seulement 2 mois après l’ouverture.
Huile de chanvre : Quelle est la posologie efficace ?
Le dosage recommandé pour profiter des bienfaits de cette huile végétale est de 700 à 1 200 mg par jour, soit 2 ou 3 gélules. Toutefois, demandez toujours conseil auprès de votre médecin avant tout traitement.
Pour ceux qui optent pour les compléments en bouteille, une cuillerée à soupe par jour au moment du repas à midi suffit. Cette dose apporte 90 kcal et 83% des apports journaliers d’oméga-3 dont l’organisme a besoin.
Jusque-là, aucun effet indésirable n’a été signalé ou constaté au cours des expériences. Les sujets souffrant d’allergies à l’un de ses composants doivent toutefois s’en abstenir. L’usage de ce complément alimentaire chez les femmes enceintes et allaitantes n’est pas prohibé. Au contraire, cette huile végétale est potentiellement bénéfique pour le développement du système nerveux, du cerveau et de la rétine chez le fœtus, de part sa teneur en omega-3. Toujours se référer à son médecin traitant avant d’entamer une cure. Une supervision médicale est nécessaire pour les traitements de longue durée.
Si vous la consommez en bouteille, il faudra prendre soin de la conserver au frigo après ouverture, et l’utiliser dans le mois.
Références
(1) Dossier Rapport oméga-6/oméga-3 de l’AFSSA (Agence française de Sécurité Sanitaire)
(2) Callaway JC and Pate DW. Hempseed oil : Gourmet and Health Promoting Specialty Oils, Robert A. Moreau and Afaf Kamal-Eldin (Eds.), American Oil Chemists. 2009, p185-213.
(3) House JD, Neufeld J, Leson G. Evaluating the quality of protein from hemp seed (Cannabis sativa L.) products through the use of the protein digestibility-corrected amino acid score method. J Agric Food Chem. 2010 Nov 24;58(22):11801-7.
(4) Rodriguez-Leyva D, Pierce GN. « The cardiac and haemostatic effects of dietary hempseed ». Nutr Metab (Lond) 2010 Apr 21;7:32.
(5) Prociuk MA, Edel AL, et al. « Cholesterol-induced stimulation of platelet aggregation is prevented by a hempseed-enriched diet ». Can J Physiol Pharmacol. 2008 Apr;86(4):153-9.
(6) Smeriglio A, Galati EM, Monforte MT, Lanuzza F, D’Angelo V, Circosta C. « Polyphenolic compounds and antioxydant activity of cold-pressed seed oil from Finola Cultivar of Cannabis sativa L. ».Phytother Res.2016 Aug;30(8):1298-1307.
(7) Callaway J, Schwab U, Harvima I, Halonen P, Mykkänen O, Hyvönen P, Järvinen T. « Efficacy of dietary hempseed oil in patients with atopic dermatitis ». J Dermatolog Treat. 2005 Apr;16(2):87-94.