Très efficace pour soulager les démangeaisons, l’huile de bourrache possède d’autres bienfaits médicinaux encore peu connus de tous. Quels sont ses principaux ingrédients actifs ? Quels bienfaits offre-t-elle à l’organisme ? Comment bien choisir son huile de bourrache ? À quelle dose la prendre pour profiter de ses bienfaits, sans risque d’effets secondaires ? Vous trouverez les réponses à toutes ces questions dans ce résumé d’études. Attention, ces informations ne sauront pas remplacer les conseils d’un professionnel de santé.
Sommaire
Huile de bourrache, excellente pour la peau et la polyarthrite rhumatoïde
Remède naturel visible dans la plupart de nos boites à pharmacie, l’huile de bourrache revêt de multiples propriétés médicinales dont la plupart demeurent méconnues. Si vous l’utilisez surtout en application locale pour traiter les problèmes cutanés, tels que les démangeaisons, les eczémas et les irritations ; sachez aujourd’hui que cette petite merveille de la nature peut être prise par voie orale pour soulager divers maux. Des compléments alimentaires à base de celle-ci sont proposés sur le marché pour soulager, par exemple, les douleurs liées à la polyarthrite rhumatoïde. Les qualités de cette huile végétale, approuvées par les scientifiques, sont dévoilées ici.
Présentation de l’huile de bourrache
Huile extraite d’une plante aux vertus appréciables
Cette huile végétale, comme son nom l’indique, est extraite par pressurage des graines de bourrache officinale ou bourrache, une plante annuelle appartenant à la famille des Boraginacées. Son nom scientifique est Borago officinalis L. Elle répond également aux noms communs de « pain des abeilles » et « langue-de-boeuf ».
Cette plante, originaire de Syrie et naturalisée en Europe depuis plusieurs siècles, est facile à identifier grâce à ses petites fleurs bleues, blanches, violettes ou roses qui s’épanouissent de mai à août dans les champs, les cultures sarclées et le long des chemins de campagne, où il fait un climat tempéré. La taille de cette herbe annuelle varie entre 20 cm et 60 cm de haut maximum. Sa tige cylindrique et épaisse est munie de poils raides hérissés. Quant à son feuillage, celui-ci est alterne avec une surface ridée, un long pétiole à sa base et des poils courts qui lui offrent un caractère rugueux, particulièrement rude au toucher.
La bourrache est une plante aux qualités multiples. Dans le domaine de la phytothérapie, ce sont surtout ses feuilles et graines qui sont employées pour soigner divers maux tels que les troubles digestifs, les infections des voies respiratoires et les affections cutanées. Son feuillage est une excellente source de mucilage, avec une teneur à hauteur de 11 %, indiquée autrefois et même de nos jours pour favoriser le transit intestinal. Ses fleurs, quant à elles, revêtent des propriétés diurétiques et sudorifiques, intéressantes pour remédier au problème de gueule de bois. (1)
En matière d’art culinaire, ses fleurs comme ses feuilles sont employées à la manière des épices pour rehausser le goût des plats de salades, de potages, de légumes et de viandes. Dans certains pays du globe, comme l’Allemagne par exemple, ces parties de la plante interviennent même dans la fabrication de bonbons, friandises et de desserts en raison de leur arôme particulière due à la présence de thésinine, un alcaloïde pyrrolizidinique, dans leur composition. (2)
Et en jardinage, certains jardiniers ont recours à cette herbe annuelle pour faire éloigner de leurs plantes potagères les hôtes indésirables comme les limaces.
Zoom sur l’huile précieuse de la bourrache
L’huile de bourrache, comme il a été précédemment mentionné, est obtenue par pressurage à froid de ses graines. Ces dernières sont connues pour leur teneur appréciable en acides gras essentiels, indispensables pour le bon fonctionnement de l’organisme. Les avis des scientifiques concernant les propriétés médicales et la toxicité des feuilles de cette plante restent encore mitigés. Ce n’est pas, cependant, le cas avec ses graines. Les chercheurs sont unanimes quant à l’efficacité de l’huile de bourrache à traiter divers maux.
Voici en quelques lignes les ingrédients actifs qui composent cette huile végétale précieuse :
– 18 % à 25 % d’acide gamma-linolénique ou AGL, acide gras polyinsaturé appartenant au groupe des oméga-6. C’est l’un des principaux constituants des phospholipides de la membrane cellulaire. Pris en complément à l’alimentation, l’AGL est capable de maintenir le taux de cholestérol à son niveau normal, et de favoriser la croissance chez les enfants. (3)
– Jusqu’à 70 % d’acide linoléique, acide gras polyinsaturé oméga-6 ; qui joue un rôle essentiel dans la fabrication de la membrane cellulaire. Cet acide gras est responsable de la synthèse d’AGL à partir d’une réaction enzymatique, delta-6-désaturase ou D6D. En complément à l’alimentation, l’acide linoléique permet de lutter contre les maladies inflammatoires, les troubles cardio-vasculaires et la polyarthrite rhumatoïde. (3)
– De la thésinine et de sa forme glucosilée, dite thésinine4′-O-bêta-Dglucoside, des alcaloïdes de pyrrolizidine qui agissent comme des agents de défense contre les parasites, les champignons et les insectes chez les plantes. Ces alcaloïdes sont des antifongiques puissants, mais peuvent être également toxiques pour le foie à fortes doses. (4)
– De lycopsamine, de 7-acétyl-lycopsamine, d’amabiline, et de supinine en quantité moindre. Ce sont également des alcaloïdes pyrrolizidiniques, indiqués surtout en usage local pour traiter les problèmes cutanés. Pris par voie orale à des doses élevées, ces principes actifs puissants peuvent induire des tumeurs hépatiques, et être mutagènes, d’après certaines observations scientifiques. (5)
– Des traces d’intermédine et de son dérivé acétylé, 7-acetyl-intermédine, qui font aussi partie de la famille des alcaloïdes pyrrolizidiniques.
Quelles sont les propriétés médicinales de l’huile de bourrache ?
Cette huile peut-elle agir sur la polyarthrite rhumatoïde ?
L’une des qualités les plus connues de l’huile de bourrache est sa capacité à soulager les symptômes de la polyarthrite rhumatoïde. Nombreux sont les chercheurs qui se sont penchés sur cette propriété médicale de la bourrache. Une des publications remarquables date de 2009. Cette revue scientifique a présenté à travers ses grandes lignes les principales études démontrant l’efficacité de cette huile végétale à atténuer les inflammations, les enflures des articulations et les raideurs matinales, principaux signes de la polyarthrite rhumatoïde. Son efficacité a été comparée à celles d’autres huiles végétales, comme l’huile d’onagre et l’huile de cassis entre autres.
Les chercheurs ont émis comme conclusion : la propriété anti-inflammatoire de cette huile végétale est due à sa teneur élevée en acide gamma linoléique. Il faut cependant une dose élevée de près de 1 400 mg de cet acide gras, soit l’équivalent de 6 g de cette huile extraite de la bourrache pour bénéficier de cet effet anti-inflammatoire. À des doses moindres, moins de 500 mg d’AGL, aucun effet notable n’a été constaté chez les sujets testés. (6)
D’autres essais cliniques demeurent toutefois nécessaires avant de confirmer cette qualité thérapeutique.
Ce remède a-t-il des effets contre l’eczéma ?
Cette huile issue des graines de la bourrache est surtout utilisée depuis des siècles pour traiter les affections de la peau. Parmi les nombreuses expériences menées sur cette huile à ce sujet, cet essai clinique figure parmi ceux qui ont donné des résultats très concluants. Cette étude randomisée en double aveugle avec contrôle placebo a été menée sur des nourrissons présentant des risques élevés de contracter une dermatite atopique ou eczéma. Les sujets testés ont reçu pendant 6 mois, soit un complément à base de 100 mg d’huile de bourrache, soit à base d’huile de tournesol de la même quantité.
Les résultats de cette expérience ont montré que la supplémentation en AGL a permis de prévenir la dermatite atopique et de réduire légèrement son effet chez les sujets testés. Il faut souligner que les acides gras essentiels du groupe oméga-6 jouent un rôle essentiel dans la structure et la physiologie de la peau. (6)
Cette revue scientifique, de son côté, a parlé de l’efficacité de cette huile lorsqu’elle est utilisée localement. Cinq essais cliniques avec des résultats positifs y ont été synthétisés. L’action de cette médication naturelle a été comparée à celle de l’huile d’onagre. Il a été constaté que l’huile végétale de bourrache a été plus opérante du fait de sa teneur plus élevée en AGL, 3 fois supérieure à celle de son compère. Ces deux huiles végétales ne peuvent toutefois traiter que les dermatites atopiques moins graves. (7)
Les résultats de ces études sont encourageants, mais il reste quand même tôt pour conclure sur l’efficacité de cette huile comme base de traitement de l’eczéma. Il nous faut d’autres preuves scientifiques avant de confirmer cet effet.
Est-il bénéfique contre la parakératose séborrhéique ?
Diverses publications scientifiques ont aussi mis en avant la capacité de cette huile à soigner la parakératose séborrhéique, communément appelée « chapeau ».
Cet essai clinique, à titre d’exemple, a réuni 37 patients souffrant de dermatite séborrhéique infantile. Pour vérifier l’action de cette huile sur cette affection cutanée, les patients ont reçu une certaine dose de cette médication tous les jours, en complément à leur alimentation. Des applications locales ont été également effectuées pour plus d’efficacité. Notons que l’huile utilisée renferme 24 ℅ d’AGL.
Grâce à ce traitement, les patients ont vu leur état de santé amélioré pendant 3 à 4 semaines. Tout au long de l’étude, les symptômes de cette affection cutanée, tels que rougeurs, squames grasses, et démangeaisons, se sont atténués. Les analyses sanguines réalisées sur les sujets testés ont montré une augmentation du niveau sérique d’acides gras essentiels. Le niveau d’hydratation de leurs peaux s’est aussi amélioré.
Pour vérifier l’efficacité de cette huile, un groupe témoin comprenant 25 enfants en bonne santé, n’ayant aucune affection cutanée a été utilisé. Après traitement, il a été remarqué qu’il n’y avait aucune différence significative concernant la teneur en eau contenue dans le stratum corneum de la peau, chez les deux groupes. Cette huile végétale semble améliorer la structure de la peau et le niveau d’hydratation de la peau (8). Il faut plus d’études cliniques toutefois avant de confirmer cette propriété. Ces quelques expériences ont été en effet conduites sur un nombre limité de patients.
S’agit-il d’un soin pour les gencives ?
Toujours grâce à sa teneur appréciable en acides gras polyinsaturés, ce remède naturel est aussi recommandé dans le traitement de la parodontite – inflammation du parodonte due à une infection bactérienne –, et des inflammations de la gencive.
Une étude scientifique de 2003 a prouvé son efficacité à réduire l’inflammation parodontale et de la gencive chez 30 sujets adultes souffrant de ces affections. Au cours de l’essai clinique, qui a duré 12 semaines, ces patients ont été départagés en quatre groupes, dont le premier recevait 3 000 mg d’huile de poisson par jour, le second 3 000 mg d’huile de graines de bourrache par jour, le troisième un mélange de ces deux huiles avec une quantité de 1 500 mg chacune par jour, et le dernier soumis aux placebos.
À la fin de l’étude, une plus nette amélioration du parodonte et de la gencive a été notée chez les sujets ayant pris 3 000 mg d’huile de bourrache tous les jours. Ce qui n’était pas le cas pour le groupe ayant pris de l’huile de poisson et le groupe placebo. Les résultats n’étaient pas très satisfaisants chez le groupe qui a reçu un mélange de ces deux huiles (9). Par ailleurs, il faut encore plus d’essais cliniques avant de pouvoir confirmer ces bienfaits.
Quelles sont les autres vertus de l’huile de bourrache ?
Cette huile végétale est aussi un allié de beauté pour les femmes qui aiment prendre soin de leurs peaux. C’est un excellent hydratant et antiâge naturel, grâce aux acides gras essentiels qu’elle contient. Toujours en matière de cosmétique, ce produit est aussi utilisé pour traiter les ongles cassants et les cheveux dévitalisés.
Bien choisir son huile de bourrache en gélules
Pour profiter des bienfaits de cette huile, quelques critères de qualité doivent être pris en considération au moment de l’achat :
– S’assurer que le complément alimentaire est titré au moins à 20 % en acide gamma linoléique. Comme il a été dit, cette huile végétale contient environ 18 à 25 % de cet acide gras polyinsaturé. Au-delà de ces pourcentages, il pourrait s’agir d’une publicité mensongère. C’est ce principe actif dont nous avons réellement besoin, car l’acide linoléique est plus facile à trouver dans les aliments que nous consommons au quotidien.
– Vérifier que l’huile ait été extraite de graines de bourrache par première pression à froid, et qu’il n’ait subi aucun traitement particulier tel que préchauffage ou raffinage qui risque d’amoindrir sa qualité.
– Jeter un coup d’œil sur l’origine des graines de bourrache utilisées. Les graines issues d’une agriculture biologique sont préférables à celles issues d’une agriculture traditionnelle, pour profiter de produits dépourvus de substances chimiques et de pesticides.
– Opter pour des huiles vierges, 100 % naturelles.
– Préférer aussi les huiles de bourrache proposées dans des capsules à celles fournies en flacon, car non seulement elles offrent une plus grande facilité d’utilisation, mais en plus sont protégées des risques d’oxydation.
Huile de bourrache : Quelle est la posologie efficace ?
Les compléments alimentaires à base de cette huile végétale sont proposés dans des formats de 500 mg. La posologie est de 2 à 3 capsules par jour, et ce pendant 20 à 30 jours. Une pause d’un mois environ est impérative, si un nouveau traitement est nécessaire. Référez-vous toujours à la posologie du fabricant ou celle d’un professionnel de santé.
Comme toutes autres huiles végétales, cette huile peut occasionner des effets indésirables tels que ballonnement, éructations et selles molles lorsqu’elle est administrée à forte dose.
Sa consommation est proscrite chez les femmes enceintes et allaitantes, ainsi que chez les sujets souffrant de troubles de foie.
Ce produit peut exacerber les effets hépatoxiques de certains médicaments, tels que Carbamazépine, Lovastatine, Pravastatine, Uconazole et Érythromycine, donc signaler le médecin avant tout traitement. Par ailleurs, ne prenez pas ce produit sur de longues périodes sans supervision médicale.
Références :
(1) Bruneton, J., Pharmacognosie – Phytochimie, plantes médicinales, 4 revue et augmentée e éd., , Paris, Tec & Doc – Éditions médicales internationales, 2009.
(2) Encyclopedia of Médicinal Plants (2nd Edition)
. Copyright © 1996, 2001 Dorling Kindersiey Limited, Londres.
(3) Dictionnaire médical, Vidal.
(4) Hermann M., Joppe H., Schmaus G. Thesinine-4′-0-beta-D-glucoside the first glycosylated plant pyrrolizidibe alkaloid from Borago officinalis. Phytochemistry, 2002 Jun;60(4): 399-402.
(5) Hideki M., Shigeyuki S., Naoki Y., Yoshihisa A., Tsutomu F, et Gary M.Williams. « Genotoxicity of a variety of Pyrrolizidine Alkaloids in the hepatocyte primary culture-DNA repair test using rat, mouse and hamster hepatocytes ». Cancer Research, vol 45, 1985.
(6) Van Gool CJ, Thijs C, et al. Gamma-linolenic acid supplementation for prophylaxis of atopic dermatitis–a randomized controlled trial in infants at high familial risk. Am J Clin Nutr. 2003.
(7) Foster RH, Hardy G, Alany RG. Borage oil in the treatment of atopic dermatitis. Nutrition. 2010 Jul-Aug;26(7-8):708-18. Review.
(8) Tollesson A, Frithz A. Borage oil, an effective new treatment for infantile seborrhoeic dermatitis. Br J Dermatol. 1993 Jul;129(1):95. Étude mentionnée et résumée dans : Chandler Frank (Ed.) Herbs – Everyday Reference for Health Professionals, Canadian Pharmacists Association and Canadian Medical Association, 2000, page 60.
(9) Rosenstein ED, Kushner LJ, et al. Pilot study of dietary fatty acid supplementation in the treatment of adult periodontitis. Prostaglandins Leukot Essent Fatty Acids. 2003 Mar;68(3):213-218.