Dans l’article « Les gélules en blister : pourquoi faut-il les éviter ? », nous avons vu les différentes raisons pour lesquelles nous devons préférer les flacons en plastique recyclable au blister en aluminium, en ce qui concerne le choix des contenants de nos compléments alimentaires. Des microparticules de ce métal, comme il a été dit, peuvent migrer vers le produit qu’il contient. L’aluminium bien qu’il soit à l’état de trace ne reste pas sans effet sur notre organisme au fil des temps. Mais attention, les flacons en plastique même dit « recyclables » peuvent être tout aussi néfastes ! Aujourd’hui le scandale des bouteilles d’eau qui contiennent dans 93% des cas des perturbateurs endocriniens (étude publiée le 14 mars 2018 sur la plateforme médiatique Orb Media), nous oblige à vous apporter de plus amples informations à ce sujet qui concerne également les compléments alimentaires dans les lignes ci-après. Quand vous achetez un flacon en plastique, il faut savoir de quel plastique il s’agit réellement, car bien évidemment certains sont cancérigènes.
Sommaire
Flacon en PETE : un plastique à risque
Propriétés physico-chimiques
Le PETE, PET ou polytéréphtalate d’éthylène n’est pas un polyéthylène (polymère d’éthylène, qui est un hydrocarbure insaturé, le plus simple des alcènes ) même si son nom le laisse entendre ; mais plutôt un polyester (polymère d’ester, qui est un composé chimique issue de la combinaison d’un acide organique et d’un alcool).
Ce matériau a été découvert en 1941 par les deux chimistes britanniques, John Rex Whinfield et James Tennant Dickson, en mélangeant un diol et un diacide : acide téréphtalique + éthylène glycol, par un procédé de polyestérification et de polycondensation à des températures supérieures à 279°C et des pressions de plus de 50 Pa.
Il est important de souligner que l’acide téréphtalique et l’éthylène glycol sont tous deux issus du pétrole brut suite à une réaction faisant intervenir l’oxygène.
Inconvénients
L’étude publiée sur Orb Media (14 mars 2018) sur les bouteilles contaminées (plus de 250 analysées…) porte justement sur le PETE : 10,4 particules de 0,10 millimètre de diamètre ont été retrouvées en moyenne pour chaque litre d’eau !
– Des phtalates ? : Malgré le fait que le polytéréphtalate d’éthylène présente le radical « phtalate » dans sa dénomination, il n’en contient pas et d’ailleurs sa conception n’en nécessite pas. Le phtalate est un dérivé de l’acide phtalique qui provient du naphtalène, un hydrocarbure aromatique avec un aspect de paillette blanc issu du goudron de houille. L’ingestion de ce composé chimique peut provoquer des effets secondaires majeurs, d’après nombre de revues scientifiques dont : perturbation de la fonction endocrine, atrophie testiculaire, baisse de fertilité, malformation congénitale chez le fœtus, voire mortalité.
Plusieurs publications scientifiques ont, cependant, souligné que même si la fabrication du PET ne fait pas intervenir le phtalate, ce matériau peut en libérer au fil du temps. Au cours de ces expériences scientifiques, des dizaines de marques d’eau minérale en bouteille PET ont été stockées dans différents endroits avec des températures variées, allant de 25 à 45°C pendant 120 jours. Si au début de l’expérience, le taux de phtalates était nul, au terme de ce délai il a été constaté que les bouteilles soumises à la chaleur ont libéré des taux plus élevés de ce composé chimique.
– De l’antimoine ? : À part les phtalates, de l’antimoine semble également se dégager de ce matériau en plastique et contaminer son contenu, selon d’autres écrits scientifiques. L’antimoine est un métalloïde toxique et scientifiquement prouvé cancérigène, à l’instar de l’arsenic.
Cette étude scientifique menée sur des bouteilles d’eau vendues aux États-Unis a démontré que si les produits testés ne présentaient qu’une très faible concentration d’antimoine de l’ordre de 0,095 à 0,521 ppb lors des premiers contrôles, ces valeurs ont fortement augmenté après 3 mois d’exposition sous des températures variées, 60, 65, 70, 75, 80 et 85°C. (2)
Le PETE est utilisé comme flacon par certaines marques de compléments alimentaires, car il donne notamment un aspect brillant.
Flacon en HDPE : un choix moins pire…
Propriétés physico-chimiques
Le HDPE, PEHD ou High-density polyethylene, littéralement traduit en français par polyéthylène à haute densité est un autre matériau en plastique fréquemment employé dans la conception de flacons. Ce polyéthylène thermoplastique fut synthétisé pour la première fois en 1953 par le chimiste allemand Karl Ziegler. Ce composé chimique est apprécié pour sa résistance et sa densité très élevée, qui peut aller de 0,93 à 0,97 g/cm3 ou 970 kg/m3.
Par rapport aux autres variantes de polyéthylène, telles que le polyéthylène à basse densité (LDPE) ou à densité moyenne (MDPE), celui-ci est plus opaque, flexible et solide, avec une capacité de résistance à des températures élevées (120°C) et très basses (-50°C). Ce matériau supporte, par ailleurs, très bien les acides, les hydrocarbures aromatiques, et autres substances chimiques puissantes.
Avantages
Nombreuses publications scientifiques en ont parlé, le HDPE ne conduit pas à la lixiviation de molécules dangereuses pour la santé ; que ce soit suite à un fort lavage avec des solvants ou d’autres substances chimiques, ou après une exposition prolongée à des températures variées.
Cette étude, par exemple, avait pour but d’évaluer le devenir du lait UHT contenu dans une bouteille en HDPE stockée dans des températures variées. L’échantillon testé comprenait 300 unités de bouteille dont chacune a été soumise à une température élevée de 135°C, puis à 141°C. La qualité de ces produits a été plusieurs fois contrôlée, tout au long de l’expérience. Leur apparence, leur goût et leur arôme ont été comparés à d’autres laits UHT frais des commerces locaux.
Les résultats ont montré qu’aucune substance chimique issue du HDPE n’a migré vers le lait. En prime, la qualité du lait n’a pas changé et a présenté une durée de vie appréciable, allant de 4 à 11 semaines. (3)
Le HDPE est le matériau le plus sûr pour la santé des consommateurs, aujourd’hui il est notamment utilisé pour les biberons.
Résumé entre les deux plastiques selon l’Institut national d’information en santé environnementale du Canada :
Flacon en verre
Propriétés physico-chimiques
Le flacon en verre, de son côté, est élaboré soit à partir de débris de verres dits « calcins », ou bien de matières premières très diversifiées, variables en fonction du type de verre à fabriquer. Les principaux éléments chimiques qui le composent sont notamment le dioxyde de silicium, l’oxyde de soude, l’oxyde de calcium, l’oxyde de magnésium et l’oxyde d’aluminium. D’autres éléments intermédiaires peuvent également entrer dans le processus de fabrication, tels que l’aluminium, le nickel, le fer et le titane ; voire des oxydes métalliques tels que l’oxyde d’antimoine et l’oxyde d’étain qui influent sur sa couleur.
Sa fabrication comprend deux étapes distinctes, qui consistent dans un premier temps à chauffer ces composés à très haute température avoisinant les 1 500°C, et puis dans un second à les refroidir afin de leur permettre de se lier entre eux et former cette matière transparente ou opaque.
Avantages
Il est connu du grand nombre que le verre soit un matériau stable et neutre, idéal pour conserver différents produits, que ce soit médicaments, aliments ou boissons. Certes, le flacon en verre est hermétique, hygiénique et durable, mais sa stabilité fait encore l’objet de nombreuses polémiques auprès des scientifiques en ce moment.
Inconvénients
Le verre n’est pas aussi stable qu’on le pense. Pour prouver ce fait, prenons toujours comme exemple les expériences qui ont utilisé de l’eau minérale en bouteille afin de vérifier la stabilité de ce matériau inorganique.
Le laboratoire de toxicologie de Toulouse s’est lancé dans une étude fortement intéressante qui consiste à comparer la qualité de l’eau minérale stockée en bouteille de verre et de l’eau conservée dans une bouteille en plastique. Ces bouteilles d’eau ont été stockées dans différents endroits avec des températures variées, pendant une année entière. Les chercheurs, étonnés des résultats de cette expérience, ont découvert que l’eau issue de la bouteille en verre présentait des teneurs élevées en plomb et d’autres métaux lourds, qui ne sont autres que les matières premières de fabrication de ce matériau. (4)
Conclusion, la qualité et la stabilité du verre dépendent des matières premières qui le composent. Actuellement, la plupart ne sont plus constituées à base de silice, mais d’autres matériaux chimiques qui peuvent être dangereux. C’est pourquoi certains flacons et bouteilles en verre sont instables et ne résistent pas aux substances acides.
Le HDPE représente donc un moins mauvais choix à ce jour que le PETE pour les flacons de gélules. Mais on lui préfera le verre ou les flacons compostables (nouveau). Vérifier bien de quoi il s’agit en dessous des marques que vous achetez.
Références
(1) Leonard Sax. « Polyethylene terephtalate may yield endocrine disruptors ». Environ Health Perspect. 2010 Apr;118(4):444-448.
(2) Westerhoff P. « Antimony leaching from polyethylene terephtalate (PET) plastic used for bottled drinking water ». Water Res. 2008 Feb;42(3):551-556.
(3) Petrus RR and al. « Sensory stability of ultra-high temperature milk in polyethylene bottle ». J Food Sci, 2009.
(4) Vidéo intitulée « Du poison dans l’eau du robinet », France Télévision 2015.
Phytothérapeute, je vous fais partager sur SanteScience.fr ma passion pour la nature et la médication. Des bienfaits aux dangers, je détaille dans mes articles les particularités des plantes les plus utilisées en phytothérapie. Toujours à la recherche de produits naturels je m’engage à vérifier à la loupe la composition de ceux que je recommande.