Qu’est ce que la dysarthrie ? Quelles sont les causes les plus fréquemment rencontrées ? Comment ce trouble se manifeste-t-il ? De quelle manière le traiter selon la science ? Vous trouverez dans ce billet les réponses à ces questions. Veillez cependant à ne pas mélanger les informations fournies à des conseils médicaux.
Sommaire
Définition de la dysarthrie
La dysarthrie est le terme utilisé pour désigner une difficulté à articuler normalement les mots suite à une perturbation au niveau de l’exécution motrice du langage. Due principalement à une lésion du système nerveux central, cette affection peut particulièrement être reconnue par une élocution anormalement plus lente, incompréhensible, monotone ou encore saccadée. Selon par ailleurs sa cause sous-jacente, d’autres symptômes tels qu’un problème de déglutition et de mastication peuvent également se manifester.
Cette pathologie peut affecter tout le monde à tout âge et conduire à différentes complications parfois très graves suivant l’origine du trouble. Les adultes de plus de la cinquantaine restent toutefois les plus touchés. Elle occasionne, par ailleurs, des gênes sociaux dans certains cas aboutissant à une dépression surtout chez des sujets plus jeunes.
Causes de la dysarthrie
Cette affection est secondaire à une lésion dans une des régions du système nerveux qui interviennent dans la commande des muscles utiles au langage. Parmi les facteurs les plus fréquemment rencontrés pouvant être à l’origine d’une telle perturbation, il y a notamment :
– Les accidents vasculaires cérébraux survenant en cas d’obstruction ou de rupture d’un vaisseau irriguant le cerveau et provoquant la mort de cellules nerveuses suite à leur désoxygénation. Nombreuses sont les séquelles qui peuvent en résulter dont un trouble du langage en cas d’atteinte de la région cérébrale qui en assure la commande ;
– La sclérose en plaque, affection auto-immune qui se caractérise par la survenue d’une réaction inflammatoire au niveau du système nerveux altérant la transmission normale des messages nerveux ;
– Le syndrome de Guillain Barré qui est une pathologie auto-immune conduisant à des atteintes nerveuses et à une paralysie ;
– La maladie de Parkinson, se manifestant par des troubles dans le contrôle des mouvements suite à une destruction lente et progressive des cellules de la substance noire du cerveau ;
– La pathologie de Huntington, affection neurodégénérative d’origine génétique qui conduit à divers troubles de la motilité et psychiatrique ;
– La syphilis, notamment en cas de paralysie générale qui est une des complications neurologiques de cette maladie infectieuse. Le trouble de l’articulation des mots se manifeste dans tel cas progressivement jusqu’à atteindre d’importante difficulté ;
– La maladie de Lyme, une infection causée par des bactéries du genre Borrelia provoquant des atteintes multisystémiques dont des lésions au niveau du système nerveux ;
– La prise de certains médicaments dans le cadre d’une thérapie dont narcotique, psychotrope (dont le carbonate de lithium utilisé notamment en psychiatrie), pyrimidine (comme le fluorouracile, médicament employé dans la prise en charge des cancers) ;
– La présence d’une tumeur cérébrale notamment sur la région d’un nerf qui innerve un des muscles du langage ;
– L’affaiblissement ou l’atteinte d’un ou de plusieurs muscles de la gorge ou de la langue. Il en est le cas lors d’une myasthénie, de dystrophies musculaires ;
– La maladie de Wilson, d’origine génétique et héréditaire, se caractérise par l’incapacité de l’organisme à éliminer du cuivre. Ce dernier, en s’accumulant dans le foie et le cerveau conduit à de nombreuses perturbations d’ordre neurologique et hépatique ;
– Suite à un traumatisme ou une blessure touchant la boîte crânienne.
Manifestations de la dysarthrie
Cette affection peut conduire à la manifestation de certains symptômes :
– Difficulté à articuler rendant le langage imprécis voire incompréhensible ;
– Lenteur et monotonie dans les discours ;
– Incapacité à s’exprimer fort, le sujet peut même dans certains cas n’émettre que des chuchotements ;
– Mouvement des muscles de la gorge et de la langue difficile pouvant conduire à une voix nasale ou enrouée ;
– Irrégularité dans le rythme des discours. Celui-ci peut être saccadé, discontinu, haletant selon le cas ;
– Inégalité du volume émis. La voix peut également devenir grinçante.
D’autres symptômes peuvent se présenter selon le facteur causal du trouble d’élocution :
– Perturbations de la mémoire,
– Paralysie partielle pouvant concernée une partie plus ou moins grande du corps ;
– Dysfonctionnement au niveau de la perception des sens ;
– Troubles du contrôle des mouvements tel qu’en cas de sclérose en plaques ;
– Jaunisse ou ictère lors d’une pathologie de Wilson ;
– Tremblements au début d’une maladie de Parkinson.
Traitements naturels de la dysarthrie
Certains traitements sont avancés comme pouvant être efficaces en cas de dysarthrie. La prise en charge de celle-ci doit toutefois toujours tenir compte de la pathologie en cause.
– Orthophonie : La prise en charge la plus fréquemment recourue pour traiter cette affection est l’orthophonie. Il s’agit d’une thérapie consistant à effectuer diverses exercices de langage, de respiration et de musculation afin d’améliorer la clarté de l’expression orale. Ce type d’intervention et surtout utilisée lorsque le problème d’élocution survient après une lésion cérébrale non progressive tel qu’un accident vasculaire cérébral (1) ;
– Bonne hygiène alimentaire : En cas de sclérose en plaques, certains chercheurs préconisent la nécessité d’une réforme dans l’alimentation. Une étude conclut entre autre sur la nécessité de réduire au minimum la quantité consommée de gras saturé donc de graisses animales, de privilégier à l’inverse les gras insaturés, et d’éviter les produits commerciaux (2) pour apaiser les symptômes, mais également pour améliorer l’état de santé. Une autre avance, quant à elle, les bienfaits que peut apporter un régime privilégiant les fruits et les légumes, et le recours régulier au gingembre et au curcuma (3). Il faut toutefois d’autres essais cliniques pour confirmer l’efficacité de ces produits ;
– Acupuncture : Une synthèse de quelques essais cliniques affirme que des séances d’acupuncture menées durant 2 mois environ ont permis de réduire significativement le risque de mortalité et de perte d’autonomie chez des sujets ayant subi un accident vasculaire cérébrale (4). L’efficacité de cette thérapie pour traiter des problèmes d’élocution induite par cette pathologie reste toutefois controversée (5).
La prise en charge de ce trouble requiert une intervention médicale. Seul un professionnel de santé peut vous prescrire le traitement adéquat.
Références
(1) Mitchell C et al. « Les Interventions pour les Problèmes d’Élocution après un AVC ou d’autres Lésions Cérébrales Non-progressives.» Cochrane Database, Janv 2017.
(2) Swank RL et al. « Effect of Low Satured Fat Diet in Early and Late Cases of Multiple Sclerosis.» Lancet, July 1990.
(3) Ask Dr. Weil, Polaris Health, Q&A Library, « Are There Natural Remedies for MS?»
(4) Zhang S. et al. « Acupuncture for Acute Stroke.» Cochrane Database, Syst Rev., 2005.
(5) Mitchell C et al. « Les Interventions pour les Problèmes d’Élocution après un AVC ou d’autres Lésions Cérébrales Non-progressives.» Cochrane Database, Janv 2017.