Le vieillissement de la peau est caractérisé par une grande variété de changements physiologiques et, en conséquence, un composé anti-vieillissement doit remplir une grande variété de rôles pour être efficace. Il semble que la carnosine soit un composé anti-âge général efficace [1], affectant un large éventail de processus et de fonctions liés à l’âge ; la carnosine neutralise les ions métalliques et est un puissant antioxydant. Elle est utilisée dans les soins de la peau pour lutter contre les dommages oxydatifs de l’ADN et des protéines, tels que ceux causés par l’exposition aux UV. En outre, la carnosine peut protéger les protéines, principalement le collagène, de la glycation.
La carnosine protège non seulement les composants cellulaires, mais peut améliorer l’aspect visuel, réduire la rugosité et les ridules. Elle maintient également la fonction barrière de la peau, à la fois par une simple hydratation et des effets complexes dans la cicatrisation. Les applications de la carnosine sont aussi d’une importance particulière pour les patients diabétiques, car elle aide à atténuer plusieurs complications de cette maladie, parmi lesquelles la xérose, la production rapide d’AGE (produits finaux de glycation avancée) et la cicatrisation des plaies.
Dans cet article, les avantages et les actions de la carnosine sur la peau sont discutés à la lumière des résultats de recherches actuelles. Attention, ces résumés d’études sont justes à titre informatif, mais ne remplacent pas les conseils d’un professionnel de santé.
Sommaire
Cette molécule a-t-elle des effets contre le vieillissement de la peau ?
Alors que l’épiderme (couche externe de la peau) ne change que légèrement avec l’âge, de profonds changements se produisent dans le derme (couche interne de la peau). Dans le derme, la population de fibroblastes (cellules du tissu conjonctif) est réduite de moitié à l’âge de 80 ans. Le collagène devient désorganisé avec des fibres cassées, tandis que la matrice extracellulaire montre une destruction généralisée.
La dégradation des protéines endommage tous les composants de l’épiderme et du derme, entraînant une perte d’élasticité, des rides, une désorganisation macromoléculaire, une perte de matrice extracellulaire et une réduction de la capacité de réparation des plaies, caractéristiques des peaux âgées. Le collagène, la substance protéique du tissu conjonctif, tend à se croiser avec l’âge.
Il est bien connu que le collagène est réticulé au cours de la glycation et la formation conséquente d’AGEs. Les chercheurs ont découvert que seul un agent anti-glycation, comme dans le cas du médicament aminoguanidine, pourrait inhiber ce processus. Selon plusieurs études publiées, la carnosine offre un profil d’efficacité supérieur à celui de l’aminoguanidine. [2]
Plus d’essais cliniques sur des humains sont essentiels pour confirmer l’efficacité de cette molécule à cet égard.
La carnosine favorise-t-elle la cicatrisation des plaies ?
Une autre application majeure de la carnosine dans les soins de la peau est la cicatrisation des plaies. Il a été démontré qu’une préparation contenant de la carnosine favorise la synthèse du collagène, la prolifération cellulaire et la migration, ce qui entraîne une fermeture plus rapide de la plaie [3] ; la carnosine rajeunit les fibroblastes sénescents (cellules du tissu conjonctif). [4] Cela aide à expliquer une série de résultats de recherche selon lesquels la carnosine améliore significativement la cicatrisation post-chirurgicale.
Une étude japonaise a montré que la carnosine améliore la granulation, un processus de guérison dans lequel les fibroblastes prolifèrent et les vaisseaux sanguins remplissent temporairement un défaut tissulaire. [5] Une étude brésilienne a montré que les tissus de granulation mûrissaient plus vite, avec un taux plus élevé de biosynthèse de collagène. Ceci n’est pas surprenant compte tenu de la capacité de la carnosine à étendre le potentiel de réplication des fibroblastes en culture. Ces études suggèrent en outre que la carnosine peut restaurer le potentiel de régénération du corps.
Tout comme la protection de la glycation, cet avantage de la carnosine est encore plus important pour les patients diabétiques, car la cicatrisation des plaies est altérée sous cette maladie. Dans une recherche réalisée sur des souris, les applications cutanées de la carnosine ont activé avec succès la cicatrisation des plaies de souris diabétiques [6]. La xérosis, autre complication du diabète affectant la peau, est également atténuée par l’application d’une crème à la carnosine, cette molécule ayant un effet hydratant [7]. Cette crème augmente également l’épaisseur de la peau, la circulation sanguine et la qualité de vie chez les patients atteints de xérose [8].
Il a été démontré par ailleurs que la carnosine étend la limite de Hayflick – le nombre maximum de fois qu’une cellule peut se diviser avant de mourir – d’un pourcentage remarquable de 20%.
Ces quelques études menées sur des animaux de laboratoires et des cellules en culture ne sont pas toutefois suffisantes pour conclure sur l’effet cicatrisant de cette molécule. D’autres études sur l’homme doivent être menées avant de confirmer quoi que ce soit.
Est-elle efficace contre les dommages liés aux UV ?
Au cours des dernières années, les produits antisolaires commerciaux ont commencé à inclure la carnosine, et les avantages de celle-ci ont été prouvés dans des études de la peau irradiée par les UV. Par rapport aux filtres solaires traditionnels, les crèmes contenant de la carnosine ont réussi à prévenir les dommages causés par les rayons UV et ont abouti à un état significativement meilleur de l’ADN et des protéines (moins de dommages oxydatifs) après l’irradiation [9]. Dans un essai sur des volontaires ayant une peau sensible, la carnosine a montré un effet protecteur sur la fonction barrière de la peau (perte d’eau réduite et sécheresse perçue après 28 jours d’utilisation). Des expériences biochimiques suggèrent que la crème a atteint ce résultat en améliorant la réponse de la peau et des cellules nerveuses aux rayons UV [10].
La Carnosine s’avère être un véritable composé pluripotent dont les avantages cliniques sur la régénération de la peau ont bien été étudiés.
Références :
1- Gariballa, S.E. and Sinclair, A.J. (2000) Review of physiological properties and therapeutic potential of Carnosine. AGE Ageing 29, 207–210
2- Preston JE, Hipkiss AR, Himsworth DT, et al. Toxic effects of beta-amyloid(25-35) on immortalised rat brain endothelial cell: protection by carnosine, homocarnosine and beta-alanine. Neurosci Lett. 1998; 242(2):105-8.
3- Q. Wessels, E. Pretorius, C. M. Smith, and H. Nel, “The potential of a niacinamide dominated cosmeceutical formulation on fibroblast activity and wound healing in vitro,” Int. Wound J., vol. 11, no. 2, pp. 152–158, Apr. 2014.
4- McFarland GA, Holliday R. Further evidence for the rejuvenating effects of the dipeptide L-carnosine on cultured human diploid fibroblasts. Exp Gerontol. 1999; 34(1):35-45.5- Nagai K, Suda T, Kawasaki K, et al. Action of carnosine and beta-alanine on wound healing. Surgery. 1986;100(5):815-21.
6- I. Ansurudeen, V. G. Sunkari, J. Grünler, V. Peters, C. P. Schmitt, S.-B. Catrina, K. Brismar, and E. A. Forsberg, “Carnosine enhances diabetic wound healing in the db/db mouse model of type 2 diabetes,” Amino Acids, vol. 43, no. 1, pp. 127–134, Jul. 2012.
7- A. Federici, G. Federici, and M. Milani, “An urea, arginine and carnosine based cream (Ureadin Rx Db ISDIN) shows greater efficacy in the treatment of severe xerosis of the feet in Type 2 diabetic patients in comparison with glycerol-based emollient cream. A randomized, assessor-blinded, controlled trial,” BMC Dermatol., vol. 12, p. 16, 2012.
8- G. Ciammaichella, G. Belcaro, M. Dugall, M. Hosoi, R. Luzzi, E. Ippolito, and M. R. Cesarone, “Product evaluation of Ureadin Rx Db (ISDIN) for prevention and treatment of mild-to-moderate xerosis of the foot in diabetic patients. Prevention of skin lesions due to microangiopathy,” Panminerva Med., vol. 54, no. 1 Suppl 4, pp. 35–42, Dec. 2012.9- E. Emanuele, J. M. Spencer, and M. Braun, “An experimental double-blind irradiation study of a novel topical product (TPF 50) compared to other topical products with DNA repair enzymes, antioxidants, and growth factors with sunscreens: implications for preventing skin aging and cancer,” J. Drugs Dermatol. JDD, vol. 13, no. 3, pp. 309–314, Mar. 2014.
10- G. de C. Dieamant, M. D. C. Velazquez Pereda, S. Eberlin, C. Nogueira, R. M. Werka, and M. L. de S. Queiroz, “Neuroimmunomodulatory compound for sensitive skin care: in vitro and clinical assessment,” J. Cosmet. Dermatol., vol. 7, no. 2, pp. 112–119, Jun. 2008.